Le genièvre ou genévrier est un arbuste très odorant. Dans les régions méditerranéennes, les genévriers deviennent des arbres. Pour les anciens, les propriétés magiques de cette plante sont au moins aussi importantes que celles du gui. Le bois de cet arbuste, qui ne pourrit pas, était employé dans la construction des charpentes des édifices sacrés. On prétendait que le charbon de bois de genièvre allumé et recouvert de cendres, restait ardent et conservait son feu pendant plus d'une année.
Toutes ces vertus ont fait que les alchimistes l'ont utilisé comme le combustible spécifique de leurs activités. Le bois de génièvre servait à faire bouillir les préparations visant à transformer les métaux en or. Les potions magiques et autres poisons prenaient corps dans des cornues ainsi chauffées.
La plante était utilisée lors des grandes épidémies des seizième et dix-septième siècles. Sa fumée était considérée comme un puissant désinfectant. Lors de l'épidémie de variole de 1870, on a encore fait brûler des branches de genièvre dans les hôpitaux parisiens pour éviter la propagation de la contagion.
Si le gui du chêne, suspendu au linteau d'un porte, protége la maison de la foudre, une branche de genièvre en éloigne la vermine et les serpents.
Quant à la fumée du genévrier cade, elle servait à éloigner sorciers et sorcières.
Genévrier cade
Passons maintenant aux anciens secrets de guérison.
La composition de la greine de genevre contre la peste dont la copie a esté trouvée
dans les heures de feu Anne d’Autriche, reine de France
Il faut cueillir la greine de genevre la plus neuve. Puis ayés un pot
de terre qui tienne sept pintes dont vous emplirez la moitié, apres
l’avoir bien epluchés ; mettés par desus une pinte d’eau de vie d’Orléans,
une pinte d’eau de centaurée, une pinte de vin blanc et une de miel
blanc, six onzes de clous [de girofle] et de canelle, six onzes de corail en poudre et une
douzaine d’oranges de Portugal coupés par morceaux ; mettés le tout
ensemble au feu et que le pot soit bien bouché et qu’il soit neuf ; faite
le cuire à petit feu pendant vingt quatre heures puis ostés le et le
partagés en plusieurs pots si vous voulés ; mais surtout boucher les bien
de peur qu’elle ne s’évente ; prenés-en tous les matins sept grains
et ne mangés que deux heures apres et vous vairés qu’il a la propriété
de conforter la teste et qu’elle donne bonne memoire, fortifie le
cervaux, conserve la veue, restraine les larmes, purifie l’estomac,
chasse toutes les fumées d’alentour du coeur, nestoie la voix, fait
faire la digestion et rend bonne haleine, ouvre l’entendement, fait
dormir, dissous la pierre, fait uriner, cause l’apestit ; elle est bonne
contre la paralisie et tremblement des jambes, donne la joie, chasse
tout venin du corp, guerit les fiévres quartes, bonne pour l’endurement
du ventre, apaise les maux de reins, fait chouser les vers, chasse
les vents et fumées de la matrice ; tres excellente contre la peste et purifie
le sang ; je puis dire [que c’est] un veritable antidotte.
Remede aprouvé contre la peste
Mettés dans un pot de terre neuf de la contenance de trois pintes de
bois vignaire, une poignée de rue, une poignée de mâches, une poignée
de romarin, une poignée de lavande, une poignée de sauge et autant d’absinthe,
une poignée de genevrier concassés ; faite infuser le tout pendant
huicts jours au soleil ou sur des cendres chaudes et en exprimant ou passer
par un linge blanc le suc desdites herbes ; puis vous prendrez une once de
camphre que vous demelerés dans le pilon avec le chesne vignaire cy dessus
nommé ; puis le conserverés dans une bouteille de verre dur, le boucherés
de liege, de cire et de parchemin mouillé que vous lierés bien, afin que la
[préparation] prenne point d’air.